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appris par cœur les Métamorphoses d'Ovide avant leur naissance, choisirent Roi et Reine, avant de manger leur douzième gâteau, et passèrent un marché avec sa Majesté pour les gouverner. Mais pourquoi cette peine de passer un marché? A quelle fin? Quelle utilité pouvait-il y avoir à passer un marché? Quelle sorte de chose était un marché? Quelle raison avaient-ils de croire qu'une fois passé il serait tenu? Qu'est-ce qui devait les amener, ou l'un d'eux, à le respecter deux minutes de suite? Voilà des questions qu'il ne lui vint jamais à l'esprit de se poser. Ou bien, il n'aurait pas trouvé de réponse avant d'en venir au gouvernement, et aurait découvert, si ce qu'il cherchait, c'était des contrats capables de lier (et à quoi bon un contrat qui ne lie pas ?), que les contrats dérivent du gouvernement, non le gouvernement des contrats.

Sous l'autorité du père, et de son assistant et premier ministre la mère, toute créature humaine est endurcie à là sujétion, exercée à prendre l'habitude de la sujétion. Mais, l'habitude une fois formée, rien n'est plus aisé que de la transférer d'un objet à un autre. Sans l'établissement préalable du gouvernement domestique, il aurait fallu du sang, et probablement du sang longtemps versé, pour former le gouvernement politique.

Le système de Filmer, en mentionnant l'autorité paternelle, portait sur un point qui, tout en n'étant pas applicable aux usages qu'il s'efforçait d'en faire, fournit une réfutation complète dela doctrine de l'égalité universelle et perpétuelle. Le pouvoir exercé, et nécessairement exercé par presque tous les pères, ne fournit pas de raison pour se soumettre au pouvoir du Roi : beaucoup moins pour se soumettre aux commandements d'un Roi qui gouverne assez mal pour rendre plus dangereux de continuer à se soumettre à son autorité que pour s'efforcer de s'en affranchir. Mais, ce qu'il sert à montrer, sans méprise

whose passions will suffer him to turn his eyes that way, is the physical impossibility of the system of absolute equality and independence, by showing that subjection and not independence is the natural state of man.

possible, à tout homme à qui ses passions permettront de porter là ses regards, c'est l'impossibilité physique du système de l'égalité et de l'indépendance absolues, en montrant que la sujétion, non l'indépendance, est l'état naturel de l'homme.

APPENDICE IV

L'ESSAI SUR LA REPRÉSENTATION

Nous donnons quelques extraits des manuscrits d'University College (no 43), dont il est possible de fixer, avec la dernière précision, la date et l'occasion. L'ouvrage qui ne fut jamais achevé, dont ils devaient faire partie, est une théorie de la « Représentation » (tel est le titre que portent en général les manuscrits en question). Le Times du 15 novembre 1788 avait publié une série de questions adressées par le Gouvernement français sur le meilleur mode de convocation et d'organisation des États Généraux; Bentham le reçoit le jeudi 20, mais, nous dit-il, « ne pense pas à l'ouvrage avant le vendredi, à onze heures ». Le 23, il trouve, dans le « Courrier de l'Europe », copie imprimée d'un « Arrêté de la Noblesse de Bretagne », et il écrit, le jour même, un court traité intitulé « Observations d'un Anglais sur un écrit intitulé Arrêté de la Noblesse de Bretagne ». Les deux ouvrages devaient paraître ensemble, comme en fait preuve cette phrase, dans le projet de préface de l'essai sur «la Représentation»: « Il a dû se publier depuis peu une petite brochure intitulée Observations d'un Rotuturier anglois sur l'arrêté de la Noblesse de Bretagne. J'ai eu communication de ce petit ouvrage, écrit par un compatriote à un ami. J'en fais mention pour dire que je l'adopte en tout, hormis les petites personnalités, plus plaisantes qu'offensantes, que l'auteur a cru pouvoir se permettre. Cette référence générale m'épargnera des citations et des redites ».

Quelques mois plus tard il entretient de ce travail l'abbé Mo

rellet, qui lui répond, le 25 mars 1789, en pleines élections : (Additionnal Mss. Brit. Mus. 33,541, f. 38): « Les questions que vous m'indiquez comme entrant dans votre tactique politique sont infiniment intéressantes, je regarde cependant votre essay sur la représentation comme plus pressé que tout le reste et j'y joindrois ce que vous avez à dire de la division du corps politique en divers corps indépendants, question qui ne me paroît pas tenir à la tactique des assemblées générales. Nous aurions bien besoin et vousmême et l'Europe et l'Amérique aussi d'une bonne théorie de la représentation nationale qui me paroît encore à faire, et sans laquelle les grandes nations n'auront jamais tous les avantages de la vie sociale, personne n'est plus en état que vous de nous rendre ce bon office... Je désirerois donc beaucoup que vous fissiez un bon traité de la représentation. Je crois, je vous l'avoue, sauf examen ultérieur, que notre nation est trop nombreuse et trop peu éclairée ou plutôt trop grossièrement ignorante pour avoir une représentation véritablement démocratique, complète, formée par des élections placées dans les dernières classes de citoyens. Je serai charmé que vous me confirmiez dans cette idée si vous êtes conduits à ce résultat ou que vous me détrompiez s'il ne vous paroît pas juste. »

Dans l'essai sur la Représentation, Bentham commence par poser les « termes capitaux servant de points de ralliement aux principes propres à indiquer la solution des problèmes proposés ». Voici le texte :

Pour indiquer les principes qui me paroissent propres à être consultés pour trouver les réponses de ces importantes questions, j'emploierai, en guise de points de ralliement, quatre grands mots : Sûreté, Égalité, Liberté (Addition au-dessus de la ligne Tranquillité), Simplicité (addition: Incontestabilité). Ce n'est pas qu'asservi par le son de ces paroles importantes, et ne trouvant d'autres pour le moment pour les pareiller (?), j'aie résolu de ne rien écarter qui ne fût capable d'être rapporté à quelqu'un d'entre ces chefs; mais que, dans le fait, toutes les considérations que la revue de tous ces points m'ont suggéré m'ont paru capables d'y être ramenées sans violence.

Sûreté. Il s'agit principalement de la sûreté pour ces possessions qui ont pour sujet les diverses modifications de la matière de la richesse. Je la mets en ordre de préférence

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