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tives au bonheur privé, et ne se rapportent qu'à des choses qui sont conçues comme des moyens tendant à cette fin; la vertu, c'est << la conformité à une règle de vie, qui dirige les actions de toutes les créatures rationnelles en ce qui concerne leur bonheur réciproque: conformité à laquelle tous sont obligés dans tous les cas ». Le bonheur, c'est «< la somme des plaisirs ». L'obligation, c'est, par une conséquence de cette définition de la vertu, « la nécessité d'accomplir, ou de s'abstenir d'accomplir une action, en vue d'être heureux ».

11. Le problème à résoudre est de savoir pourquoi tous les hommes n'ont pas conscience d'avoir le bonheur pour fin unique de toutes leurs actions, mais se croient animés de passions diverses, ayant toutes des objets distincts et irréductibles. Gay répond : « D'abord nous percevons: ou imaginons quelque bien réel, c'est-à-dire une aptitude à promouvoir notre bonheur, dans les choses que nous aimons et que nous approuvons. Nous prenons par suite du plaisir à ces choses; et l'idée de ces choses est à ce point attachée et associée dans nos esprits à l'idée du plaisir que l'une ne peut se présenter sans que l'autre soit aussi suscitée. Et l'association demeure même après que ce qui forma d'abord la connexion est tout à fait oublié, ou peut-être a cessé d'exister, et a été remplacé par son contraire». Ainsi s'expliquent, par des complications diverses d'une passion unique, l'avarice, l'amour, la vengeance. Ainsi s'explique non seulement l'exagération, en intensité et en durée, de nos passions, mais encore leur transfert à des objets impropres, les illusions de la passion. L'association des idées rend donc également compte, dans la théorie des passions, du normal, et de l'anormal. Son influence apparaît plus considérable encore, fait observer Gay, si l'on tient compte, à côté des associations dont nous sommes les auteurs, de celles que nous apprenons d'autrui, et qui naissent de l'éducation.

12. Observations on Man, his frame, his duty, and his expectations. Hartley est encore l'auteur d'un opuscule intitulé: Conjecturæ quædam de, sensu, motu et idearum generatione (publié dans Parr's Metaphysical Tracts, 1837), appendice à un traité de médecine, où, « sous forme de démonstrations mathématiques (eo quod hæc forma commodissima videatur ad rerum discutiendarum vim et mentem rite assequendum), il développe la même doctrine. Ses « conjectures » sont, dit-il, empruntées « ex hac Theoria, qualis ab Anatomicis et Medicis jam elaborata est, collata cum iis, quæ Newtonius de Vibrationibus per Animalium cerebra propagatis, Lockius autem, et post eum alii Viri celebres, de Associationis in mentem humanam vi, tradidere ». Il compte sur sa doctrine: 1° pour développer la connaissance du système nerveux; 2° pour expliquer les phénomènes. de la mémoire et de l'intelligence animale; 3° pour fonder la vraie logique; 4° pour réformer la morale.

13. On Man, Part. I, chap. III, prop. LXXXVIII. Natural philosophy... Its parts are mechanics, hydrostatics, pneumatics, optics, chemistry, the

theories of the several manual arts and trades, medicine and psychology or the theory of the human mind, with that of the intellectual principles of brute animals.

14. On Man, Part. I, chap. 1: « La méthode qui convient pour philosopher semble être de découvrir et d'établir les lois générales de l'action qui affectent le sujet considéré en partant de certains phénomènes choisis, bien définis et bien vérifiés, et puis d'expliquer et de prédire les autres phénomènes par ces lois. C'est la méthode d'analyse et de synthèse recommandée et suivie par Sir Isaac Newton ». - Hume, en raison, peut-être, de la singulière incertitude de sa position logique, semble, en même temps qu'il se déclarait newtonien en psychologie, avoir hésité à introduire trop de fixité et de rigueur dans l'expression des faits de conscience: il n'emploie le terme de « phénomène » qu'accidentellement (par exemple Treatise, Book I, Part. II, Sect. V, ed. Green, vol. I, p. 364). - Il parle des « principes de l'association, et n'emploie le mot de « loi » qu'au sujet des phénomènes physiologiques qui accompagnent la sensation, Treatise, Book I, Part IV, Sect. 1 (Vol I, p. 476): The spirits being diverted from their natural course, are not governed in their movements by the same laws, at least not to the same degree, as when they flow in their usual channel. 15. On Man, Part I, chap. 1.

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16. An Examination of Dr. Reid's Inquiry into the Human Mind on the Principles of Common Sense, Dr. Beattie's Essay on the Nature and Immutability of Truth, and Dr. Osivald's Appeal to Common Sense in Behalf of Religion, by Joseph Priestley, LL. D. F. R. S., 1774. Epigraphe empruntée à Gay « As some men have imagined innate ideas, because they had forgot how they came by them, so others have set up almost as many distinct instincts as there are acquired principles of acting. Dans la préface, Priestley se donne pour un disciple de Locke et Hartley, annonce que la réédition des Observations on Man est sous presse (pp. XVIII-XIX) : << Those who are not fond of much close thinking, which is necessarily the case with the generality of readers, and some writers, will not thank me for endeavouring to introduce into more public notice such a theory of the human mind as that of Dr. Hartley. His is not a book that a man can read over in a few evenings, so as to be ready to give a satisfactory account of it to any of his friends who may happen to ask him what there is in it, and expect an answer in a few sentences. In fact, it contains a new and most extensive science, and requires a vast fund of preparatory knowledge to enter upon the study of it with any prospect of success ». Priestley ne sait comment expliquer la réaction, qu'il constate en Écosse, contre la nouvelle science psychologique. Sans doute il est naturel que les découvertes de Locke, comme celles de Copernic, Galilée et Newton, rencontrent, de la part des préjugés régnants, une résistance opiniâtre. « As to Dr. Hartley, his day of trial is not yet come, and one of my views in this publication, and some others that I have projected, is to bring it on;

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not doubting but that it will stand the test, and be better known, and more firmly established after such a scrutiny.

17. Hartley ne veut pas dire « que la matière puisse être douée de la faculté de sentir »; il pense que sa doctrine peut s'adapter à toutes les théories courantes (l'occasionalisme, par exemple, ou la théorie de l'harmonie préétablie) sur les rapports de l'âme et du corps (Conjecturæ, Scholium generale): il retient seulement cette notion, commune à tous les systèmes, que les sensations sont toujours accompagnées de mouvements. Mais on admet pareillement que, la quantité de matière est, chez tous les corps, proportionnelle à la pesanteur: connaît-on, cependant, le lien qui existe entre la quantité de matiêre et la pesanteur? « Pareillement, si de l'espèce de mouvement que nous appelons vibrations, on peut montrer par des arguments problables qu'elle accompagne toutes les sensations, toutes les idées et tous les mouvements, et leur est proportionnelle, nous sommes Jibres alors ou de faire des vibrations l'exposant des sensations, des idées et des mouvements, ou de ces derniers phénomènes les exposants des vibrations, selon que cela est plus commode pour notre enquête. » (Prop. V.. Scholium). Les deux pouvoirs, de vibration et d'association, sont évidents, chacun à part de l'autre : « de sorte que la doctrine de l'association peut être prise com me fondement assuré, et comme guide pour conduire nos enquêtes futures, quoi qu'il advienne de la doctrine des vibrations >>.

18. Hartley's Theory of the Human Mind, on the principle of Association of Ideas; with essays relating to the subject of it. By Joseph Priestley, LL. D. F. R. S. London, 1775. Priestley maintient en général, dans sa version, les mots vibration et vibratiuncule; pourtant, dans la première partie, pour faciliter le travail des commençants, il les supprime, et donne alors en note le texte primitif.

19. Ibid. Préface.

20. Introduction, ch. X, xxxvIII (Bowring, vol. I, p. 57): Strictly speaking, habit, being but a fictitious entity, and not really anything distinct from the acts or perceptions by which it is said to be formed, cannot be the cause of anything. The enigma, however, may be satisfactorily solved upon the principle of association, of the nature and force of which a very satisfactory account may be seen in Dr. Priestley's edition of Hartley on Man. Cf. Logical arrangements, Bowring, vol. V. p. 286: Whether there ever were a time at which the word happiness failed of presenting to my mind the character of an aggregate, or compound, of which pleasures, and the exemption from corresponding pains, were the sole elements, is more than at present I can recollect. The satisfaction I remember to have experienced at the observation of this interpretation, as given to it in the first place by Helvetius (in his book De l'Esprit), and afterward by Hartley (in his Treatise on Man, or rather the abridgment of it) aflords some presumption of its being at the first of these times new to me. But perhaps the cause of that satisfaction was not the novelty of the notion in relation

to my own conceptions, but the circumstance of seeing the confirmation given to them in these works. L'édition de Priestley est citée dans le

Panopticon (letter XXI, p. 64), qui, publié en 1791, avait été écrit en 1787. 21. Remarks on Reid, Beattie, and Oswald, p. 2, London, 1774..

22. C'est le sous-titre du Traité.

23. Treatise, Book I. Part I, Sect. IV; (vol. I, p. 321).

24. Treatise, Book I, Part I, Sect. I (vol. I, p. 314).

25. Inquiry, Sect. VIII, Part I (Essays, vol. II, p. 68). 26. Essays, vol. I, p. 99.

27. Noter l'emploi de ce mot « principe », si obscur, et que l'école Benthamique va employer à satiété. Originairement, et chez Hume lui-même, il signifie une cause efficiente, au même sens où l'on parle du « principe vital » ou encore d'un « principe morbide »; mais le principal objet de la philosophie newtonienne est justement de bannir de l'univers la notion de cause efficiente, pour retenir seulement l'idée de conjonction constante. Dès lors, le mot principe tend insensiblement à prendre une signification purement logique : il signifie l'énoncé d'une loi, d'une relation fixe. V. avec quel vague s'exprime Bentham, Introduction, chap. 1, note: The principle here in question may be taken for an act of the mind; a sentiment; a sentiment of approbation; a sentiment which, when applied to an action, approves of its utilily, as that quality of it by which the measure of approbation or disapprobation bestowed upon it ought to be governed. 28. Treatise, Book I, Part I, Sect. III (vol. I, p. 318).

29. Treatise, Book I, Part III, Sect. XVI (vol. I, p. 471).

30. Treatise, Book I, Part IV, Sect. II (vol. I, p. 505).

31. Priestley va même, en réaction contre le scepticisme de Hume, jusqu'au matérialisme; et c'est, aux yeux de James Mill (v. son article sur Dugald Stewart, British Review, 1815), un nouveau grief contre le scepticisme de Hume qu'il ait entraîné à cette affirmation inutile les théoriciens de l'association des idées qui veulent croire à la régularité des successions causales. 32. Dans l'article Education du cinquième supplément de l' « Encyclopédie Britannique ».

33. Fragm. on Gov. Bowring, vol. I, p. 242; et p. 268 note.

34. Enquiry concerning the principles of morals, Sect. I (Essays,, vol. II, pp. 172-4).

35. Treatise, Book III, Part. I, pp. 245-6.

36. Mss. Univ. Coll. n° 10 (Miscellaneous Correspondance): Bentham à Dumont, 6 sept. 1822 : When I came out with the principle of utility, it was in the Fragment, I took it from Hume's Essays, Hume was in all his glory, the phrase was consequently familiar to every body. The difference between Hume and me is this: the use he made of it, was to account for that which is, I to show what ought to be.

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37. Treatise, Book III, Part I, Sect. II (vol. II, p. 246 sqq.). 38. Introduction, Preface: Bowring, vol. I, p. V.

39. Inquiry, Appendix I. Concerning moral sentiment (vol. II, p. 264). 40. Essays on the Characteristics of the Earl of Shaftesbury, by John Brown, M. A., London, 1751, Essay II. On the obligations of Man to Virtue, and the Necessity of religious Principle, p. 129. « Chaque fois, nous dit Brown, que lord Shaftesbury en vient à une énumération des actions particulières, qui peuvent être appelées moralement belles, il en choisit toujours qui ont une tendance directe et nécessaire au bonheur de l'humanité. C'est ainsi qu'il parle de la notion d'un intérêt public, comme nécessaire à former une idée appropriée de la vertu. Dans tous ces exemples, << la relation posée entre les actions et le bonheur humain est si définie et si forte, qu'ils suffiraient à convaincre un esprit non prévenu, que la production du bonheur humain est la grande source universelle d'où nos actions tirent leur beauté morale ». Shaftesbury distingue trois espèces d'affections ou de passions qui influencent l'animal humain : passions non · naturelles, qui ne tendent ni au bien public ni au bien privé; passions égoïstes, qui tendent au bien privé; passions naturelles, qui tendent au bien public. Car il est singulier que l'on prenne pour accordé qu'il peut y avoir opposition directe de l'intérêt privé à l'intérêt général : comme si, dans un être vivant, la partie pouvait être prospère en soi-même, tout en ayant des habitudes contraires au bien de l'ensemble. « Avoir des dispositions favorables à l'intérét public et au sien propre, ce sont choses non seulement conciliables, mais inséparables : la rectitude morale, ou vertu, doit en conséquence être à l'avantage, et le vice au désavantage de toutes les créatures ». (An inquiry concerning virtue, Book II, Part I, § 2).

41. Rae, life of Adam Smith, p. 15. W. R. Scott, Francis Hutcheson, pp. 120-1.

42. V. la préface à l'éd. de 1755 du System of Moral Philosophy. 43. Inquiry concerning Moral Good and Evil, sect III, § 8.

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44. Moral Philosophy, Book II, chap. vii: As to pleasures of the same kind, tis manifest their values are in a joint proportion of their intensity and duration. Mais Hutcheson ajoute: In comparing pleasures of different kinds, the value is as the duration and the dignity of the kind jointly. - V. aussi la classification qui suit des espèces de plaisir : une influence directe sur Bentham est vraisemblable. - D'ailleurs, les représentants du « système égoïste » réfutent la morale de la bienveillance, exposée par Hutcheson. W. R. Scott cite l'ouvrage curieux d'Alexander Innes (prêtenom d'Archibald Campbell), 'Apeth Aoyia, où sont posées les règles d'un calcul des plaisirs et des peines: les plaisirs sont des quantités positives, les peines des quantités négatives, et trois éléments sont à considérer : le degré, la durée et les conséquents: il faut multiplier les degrés par la durée et ajouter (ou soustraire) les conséquents (Francis Hutcheson, pp. 106-7). Scott cite encore un ouvrage paru en 1747, et qu'il attribue à Gay, intitulé

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